L'abri actif est défini dans le projet n° 591 F du 3 Juin 1933. Un rectificatif (n° 657 F) du 21 Juin 1933 est ensuite émis. Le projet définitif est établi par plan technique n° 58 du 13 Janvier 1934, après déplacement du bloc GFM dont l'emplacement initial au dessus de l'entrée Sud ait été considéré comme inutilement dangereux du fait de l'étroitesse de l'arête. Le bloc actif initialement prévu est placé d'emblée en 2° cycle, à construire par la main d'oeuvre civile au besoin.
Les travaux débutent en Mai 1934, en même temps que COL d'AGNON et la BEOLE et un an après les autres abris actifs d'altitude CORF à construire par la MOM.
Fin 1934, le gros-œuvre souterrain est en cours, avec objectif - fort optimiste - de le finaliser fin 1935. Malheureusement, une décision stratégique de ralentir les travaux sur les Alpes est prise mi-Mai 1935 suite à la détente avec l'Italie (accords de Stresa). La CORF définit en urgence les priorités de travaux MOM sur la position de résistance pour l'année 1935, car il est à anticiper le fait que les budgets et la disponibilité de main d'œuvre va drastiquement baisser sur les années à venir (l'EMA décide d'ailleurs dés cette date que seules les troupes de forteresse réaliseront des travaux sur la fortification à partir de 1936...). En 7° position sur la liste de priorité, la DEA verra juste la poursuite des travaux souterrains cette année là et la coulée de blocs réduits provisoires d'entrée pour sécuriser les locaux. La campagne se finit sur une mauvaise note puisqu'une partie de la grande alvéole usine-cuisine s'effondre partiellement en fin de chantier, générant une caverne instable de 14 m de haut !
Le chantier de 1936 démarre d'ailleurs plus tard que prévu, le 1er Juillet, du fait des conditions météorologiques défavorables. Ce retard ne pourra pas être rattrapé en fin de campagne puisque le chantier ne fermera que 5 jours plus tard que prévu les 25 Septembre. La situation est amplifiée par le fait qu'il y a moins de main-d'oeuvre militaire prévue (85 auxiliaires "théoriques" sur site contre 110 normalement prévus, priorité étant donné à l'instruction sur les travaux). L'un dans l'autre, c'est donc 42% de déficit de travail qui est perdu entre les retards et sous-effectifs.
Le chantier, placé sous la direction du S-Lt DUCHET-SUCHAUX du Génie, débute par l'organisation rationnelle du travail - défaut constaté les années précédentes lors des inspections ! -. La rationalisation des installations nécessite en premier lieu la création sur le collet de l'ouvrage d'abris locaux pour les groupes moteurs, les bureaux du Génie, le magasin d'outillage, les radiers pour concasseurs, d'un bassin, etc.
La construction reprend ensuite avec grande prudence et délicatesse dans la partie souterraine effondrée en 1935 et son maçonnage immédiat pour consolider le travail. L'effectif se monte à 19 sapeurs et leur sous-officier, 15 spécialistes du 76° BAF, et en moyenne 70 auxiliaires de troupes coloniales. Sont prévus en outre en 1936 la fin de percée de la galerie majeure du casernement souterrain, la fouille et la coulée de l'entrée Sud et le percement du puits du bloc GFM/Obs. Le déficit mentionné plus haut entraine en réalité le report sur 1937 de la réalisation du bloc d'entrée Sud dont seul le radier peut être coulé en 1936. Les dépenses décaissées en 1936 se montent à 220.000 Fr. C'est un total de 2.500 m3 de terrassements qui sont effectués, 577 m3 de maçonneries intérieures posées, et plus de 2000 t de matériaux manutentionnés ou concassés sur site.
L'année 1937 est encore une année d'accélération des travaux suite à la période mi-1935 - fin-1936.
On procède à la fouille et la coulée du bloc d'entrée Sud, ainsi que le début de coulée du bloc GFM/Obs. Côté souterrain, les travaux se poursuivent avec l'approfondissement de l'alvéole de la future usine électrogène, la finalisation du gros-œuvre de la salle-abri (percement et maçonnerie) et la création de diverses niches dans les galeries.
A fin 1937, les dépenses cumulées se montent à 870.000 Fr (dont 334.000 fr sur l'année) pour un budget global de 2,7 MFr *.
En 1938, le chantier connait encore une activité soutenue avec 171 personnes détachées dessus (110 auxiliaires du 4° RTS de la 2°DCS - Sénégalais - supervisés par 22 officiers, sous-officiers et administratifs, 24 personnels du 7° Génie assurant l'expertise technique et la direction de chantier, et 15 spécialistes des 75° et 76° BAF). Le chantier proprement dit, commandé par l'Adj-C Roger NADAL du 7° Génie, ouvre le 8 Juin après installation depuis le 4 Mai et est replié le 25 Septembre de l'année. Le chantier déploie 3 groupes moto-compresseurs (un Spyros, un Randupson et un 2PB), deux concasseurs et deux bétonnières Weitz, un groupe électrogène Aster B.
La saison de travail se concrétise par le complément de fouille et la dernière coulée du bloc GFM/Obs - entamé en 1937 - et de la fouille et coulée du bloc d'entrée Nord (resp. 250 et 230 m3 de béton) et côté intérieur par la fouille de 29m de galeries et alvéoles, ainsi que la maçonnerie de 52 m linéaires de galerie et la réalisation du radier sur la partie "abri".
En fin de campagne, le gros oeuvre (fouilles extérieures et souterraines) et bétonnage sont réalisés à 95%. Il ne reste qu'un bloc à couler. Par contre les finitions et aménagements intérieurs n'en sont qu'à leur début. Aucun cuirassement ou porte blindée n'est en place et si les études de la ventilation et des transmissions sont achevées, celles de la centrale électrogène et des réseaux électrique et eau n'ont pas débuté. Sur le budget total de 2,7 MFr, 1.104.000 Fr ont été dépensés. A ce stade, il ne peut être utilisé que comme abri précaire de circonstance...
En fin avril 1939, à la réouverture du chantier, l'abri est donc encore loin d'être achevé. Une campagne d'été de gros-œuvre est encore nécessaire pour couler le bloc manquant (petit bloc cheminée) et pour établir les réglages de terrain et le réseau antipersonnel. L'avancement est évalué à 50%. Le bloc cheminée est finalement coulé durant la campagne 1939.
L'abri ne sera jamais classé par décret dans les places de guerre, les études des servitudes défensives étant à peine débutées en 1939.
Notes :
* Ces couts ne comprennent que les couts d'étude et d'aménagement de chantier, les matériaux et équipements/cuirassements, les frais de maintenance et les frais additionnels de main d'oeuvre (primes de rendement, etc). Les soldes et autres éléments de salaire ne sont pas inclus puisque réputés devoir être payés que la troupe soit utilisée à construire des ouvrages ou à faire autre chose... Dans le cas d'ouvrages construits par MO Civile, ces couts de main d'oeuvre sont bien sur compris, ce qui rend la comparaison directe des budgets de construction MOM/MOC plus délicate qu'il n'y parait.
Rédaction : Jean-Michel Jolas - © wikimaginot.eu - Juin 2015, Aout 2019, Octobre-Décembre 2020
Source(s) :
SHD - carton 7N3847, 6V11102, 4V1614