Dés 1931, la 6° Région Militaire (RM) de Metz et la 20° RM de Strasbourg proposent au ministère l'idée de différents types de barrages de route à établir en avant de la LPR sur les voies venant de la frontière. Ces barrières devaient permettre de contrôler le trafic routier sans pour autant détruire la route comme le ferait un DMP .
La STG, saisie des projets des régions militaires, commence par en éliminer plusieurs sur la base du coût prévisible. Elle ne finit par retenir début 1932 (note STG 14/S du 9 Janvier) qu'un concept très simple basé sur un barrage de chaines ancrées dans le sol par des plots en béton ou métalliques.
La STG aboutit à un principe mettant en œuvre deux câbles sur chaque poutre, l'un d'un diamètre inférieur et formant une boucle primaire fixée tendue sur la poutre, et le second - plus épais - fixé en zig-zag de façon lâche entre les deux brins tendus horizontaux de la boucle primaire. L'idée est d'encaisser le choc de l'engin par la boucle primaire, qui - quand la barrière casse - absorbe l'énergie en s'étirant jusqu'à la rupture sans que le cable le plus épais ne soit sollicité puisqu'il n'est pas tendu. Quand le premier câble finit par lacher, le second - plus épais - prend le relai de tension sur un engin déjà largement ralenti et finit par l'arrêter.
Sur la base de ces essais positifs, la STG définit alors une "notice descriptive de barrage léger à établir sur les voies d'accès des frontières" qui est approuvée le 27 Juillet 1933.
La barrière mobile standard est formée de deux poutres parallèles horizontales, disposées à 0,50m et 1,30m du sol. La barrière n'est pas perpendiculaire à la route, mais fait un angle de 60° avec celle-ci pour dévier une partie de la force d'impact de l'engin la percutant. Chacune des deux poutres est équipée du système de câbles tendus (25 mm) et souples (35 mm) - tel que testé chez Crozet-Fourneyron - enserrés idéalement dans une poutre métallique creuse formant caisson. Une simple poutre en fer I est admise.
En position fermée, les poutres ancrent le câblage dans les poteaux opposés de la barrière, fixés dans le béton. Les câbles arrêtant l'engin progressivement, l'effort sur les poteaux d'ancrage est minimisé. Un système de cliquet ouvrable à distance permet le verrouillage de la barrière dans le poteau récepteur.
La barrière est équilibrée par un contrepoids calculé au plus juste pour autoriser une fermeture naturelle par gravité. Le contrepoids est équipé d'un crochet permettant l'ajout pour l'ouverture automatique d'un poids complémentaire changeant l'équilibre de l'ensemble.
Le prix de revient de l'ensemble pour une barrière de 7,5 m est estimé à 20.000 F de l'époque.
La barrière est en principe complétée d'un blockhaus qui la tient sous son feu et abrite le personnel. Le blockhaus standard de barrière routière sera défini ultérieurement en 1935. Cette même année, les principes visant au choix de l'emplacement des barrières sont précisés, car elle ne doit pas pouvoir être contournée par des engins tout-terrains. Le Génie insiste donc sur la nécessité de prévoir d'approfondir les fossés de route sur le bas-côté ou de prévoir des abatis en zone de forêt.
Ce type de barrière a été assez largement déployé, la 4° Direction (Génie) autorisant les Régions Militaires de Metz et Strasbourg à lancer un marché de construction sur ces bases dés Juillet 1933 (DM 1130 2/4-S). Les voies pénétrantes frontalières devaient comporter à minima deux barrières, une à proximité de la frontière à un endroit favorable, et l'autre au niveau de la LPR .
Le nombre de ces barrières dans le Nord-Est n'est pas connu de façon précise, mais se monte à plusieurs centaines sans doute.
A partir de 1935, une version améliorée est déployée, associée aux maisons-fortes de garde-frontière. Ces maisons-fortes sont selon la région une adaptation locale du blockhaus de barrage de route évoqué dans les notices antérieures et précisé dans une instruction de cette année là. Au même moment, une variante adaptée au cas du barrage des routes de montagne du Sud-Est est mise au point, avec blockhaus intégré type "barrage rapide". Cette variante est déclinée en deux version, basculante classique et roulante. Dans cette dernière version, le système de câblage original n'est plus installé car l'ancrage de la barrière roulante est naturellement plus résistant.
Très peu de ces barrières ont survécu jusqu'à notre époque.
Jean-Michel Jolas
SHD - carton 2V260